Espagne, évidemment. Même dans les rêves les plus fous des amateurs de football, la qualité de jeu affichée par les Ibères avant-hier contre les Russes n’eût pu s’imaginer. Italie, Grèce, Suède et Russie l’ont toutes appris à leurs dépens : le beau jeu de la Roja n’est plus incompatible avec le réalisme. La voilà, l’incroyable révolution ! Impensable, presque, tant les techniciens les mieux récompensés tenaient pour panacée la défense à tout prix, et abhorraient jusque-là l’attaque à tout-va. Evoluer avec un récupérateur seulement n’est plus suicidaire, tant s’en faut. Aménager le milieu en manière de corps de ballet, y faire courir de virevoltants chevau-légers en lieu et place de l’habituelle cavalerie lourde peut faire gagner la bataille du milieu de terrain. Napoléon d’opérette, tacticiens frileux, tremblez ! Nul ne pourra jamais plus opposer au style l’efficacité. Espagnols et Russes ont prouvé l’inverse, et voilà un bol d’air en forme de révolution qui réconcilie – un peu – avec le football. Songez qu’enfin, peut-être, la France verra des buts ! En Ligue 1 comme ailleurs, les leçons devront être tirées. Nombre de spectateurs, sans doute, attendent et espèrent que cela sera le cas. Vétilleux et timorés, nos footballeurs devront se faire alertes, pimpants et pour tout dire poètes. Alors peut-être, aussi, vaudront-ils l’acrostiche.