Habituellement discrète, la capitale aquitaine s’apprête à exploser si la soirée sacre ses footballeurs. Mais Marseille est à l’affût…
Belle, mais endormie. Discrète. Anglo-saxonne jusque dans son flegme, bourgeoise. A l’heure de décrire Bordeaux, les clichés affluent, et il faut sans doute les oublier pour comprendre un peu mieux la ville. Il faut flâner dans le quartier Saint- Michel pour ouvrir le ventre de Bordeaux, écouter battre son coeur pour sentir combien, quand elle se donne, la Dame d’Aquitaine est une fille du peuple, une Gasconne mâtinée d’Espagne et d’outre-mer pour qui l’in petto n’est qu’une bienséance. Plus en retenue que Marseille, Bordeaux n’attend en fait qu’un prétexte pour éclater : Yoann Gourcuff, son joli petit prince, et ses compagnons au scapulaire sont en passe de lui offrir l’extase, celui-là même que la ville attend depuis dix ans et un dernier sacre fêté dans la liesse populaire. Exeunt, donc, les Pavon, Micoud, Benarbia et Wiltord, seul Ramé ayant survécu à l’éternité que représentent dix années dans le football, mais la philosophie est restée.
Nuit blanche
Par le jeu et l’enthousiasme, Laurent Blanc et ses sbires ont conquis le coeur des amateurs de sport, qu’ils soient pro-Bordelais ou neutres, à l’exception évidemment des supporteurs marseillais. Ceuxlà peuvent-ils encore espérer ? Rien n’est jamais exclu, mais au regard des derniers matches des Girondins, il semble bien peu probable que ces derniers s’effondrent si près du but. L’OM, dès lors, s’emparerait avec gourmandise d’un sceptre ainsi délaissé, faisant également honneur au football après dix-sept ans de disette. Bordeaux ou Marseille, donc ? Si souvent entendue dans les années 1980, revenue à la mode en 1999 pour un incroyable final, l’antienne est de retour et divisera encore. Une seule certitude, seuls les Girondins peuvent être sacrés dès ce soir. Bordeaux, la « belle endormie », se prépare à la nuit blanche.
Jean Berthelot de la Glétais