Et puis un coup. Sec. Celui d’un sifflet, un bruit qui délivre, et les corps s’ébrouent, enfin. L’attente, l’insupportable petite perdition, la voilà qu’on achève et qui s’envole, enfin. Enfin, donc. Aujourd’hui, ils seront des hommes, onze êtres face à onze autres pour un destin qui les dépasse, forcément. Des Bleus aux relations si intenses avec l’Afrique aux Bafana Bafana, porte-drapeaux de tout un continent, l’espoir sera le même et la pression, inimaginable. Qui peut, en effet, se rendre compte de ce qui traverse l’esprit de ces hommes lorsque le stade s’embrase, s’enflamme et les emporte ? Etre broyé en plein feu au point de ne plus pouvoir penser, agir à l’instinct, penser au prochain pas, bien plus qu’à l’heure à venir, voilà ce qui attend tous ceux qui disputeront leur premier match de Coupe du monde dans les jours à venir. Ils ne s’effondreront pas, ils plieront peut-être mais ne rompront pas. Ils ne prendront pas feu, et c’est peut-être ce qui explique le statut de héros que le public leur confère. Un héros n’a pas peur.