« Une belle Italienne,un soir à son balcon. – Ô Français ! Français ! pourquoi es-tu français ? Renie ton peuple et abdique ton pays ; ou,si tu ne le veux pas,jure de m’aimer,et je ne serai plus une Italienne. […] – Je te prends au mot ! Appelle-moi seulement ton amour et je reçois un nouveau baptême : désormais je ne suis plus français. » A l’instar de Roméo et Juliette,Français et Italiens auraient tout pour s’aimer ; tant de choses les rapprochent,un art,une culture,une sensibilité enfin qui en ferait les plus fidèles amants du monde s’il n’était – hélas ! – le football.Que leurs corps s’étreignent,et le bruit de la barre de Di Biagio les interrompt ! Que leurs lèvres s’approchent,et la reprise de Trezeguet les éloigne,enfin qu’ils s’aiment en somme,ils se désaiment ensuite. Comment briser la malédiction ? Quel Cupidon zélé, quel poète inspiré mettra un point final à la fatalité ? Faire cesser le football,c’est brûler tout l’opium, et le peuple l’aime tant ! Mais accepter, enfin, de s’aimer tout à fait,de deux ne faire plus qu’un,voici l’échappatoire ! Aligner à l’Euro une « Frantalie »,quelle extase ! Rêvons un peu,et pourquoi ne pas imaginer sous le même maillot national Buffon,Gallas,Cannavaro,Zambrotta, Evra,Makelele,Pirlo,Del Piero,Ribéry,Toni et Benzema ? Mais la réalité seule,hélas,tient lieu de vérité,et ce matin encore ce songe d’une nuit de printemps laisse la place aux larmes,à deux familles qui ne pourront jamais, tout à fait,s’aimer..