Lorsqu’on lui demandait quelle sélection il soutenait, Albert Camus, féru de football, répondait que tout amateur de ce sport avait deux amours : son propre pays et le Brésil. L’assertion est aussi valable en rugby avec la Nouvelle-Zélande ; tous ceux qui ont, un jour, aimé l’Ovalie ne peuvent que vouer une tendresse infinie à cet îlot d’un peu plus de 4 millions d’âmes, dont l’équipe nationale est bien la plus charismatique à défaut d’être la plus titrée en Coupe du monde. Qui, en effet, n’a jamais tremblé à l’heure du haka, qui n’a pas percuté avec Jonah Lomu, qui n’a pas buté avec Zinzan Brooke, qui n’a pas volé avec Tana Umaga ? Voir ce pays se tordre, aujourd’hui, en de dramatiques convulsions, est d’autant plus terrible qu’il pourrait compromettre une Coupe du monde que les Kiwis attendent avec fierté et impatience. Ce ne serait pas, tant s’en faut, la conséquence la plus grave du récent séisme ; symboliquement, pourtant, ce serait là un petit drame dont les amoureux de l’Ovalie se passeraient volontiers.